Jean-Claude Boulos

Brouillard
29/7/57

Ils se tendent comme des croix décharnées
Et se ruent sur les passants
Pour les caresser et frémir
De toutes leurs feuilles
Et touchant ces gens
Hagards estompés, blafards
Qui se pressent se hâtent
Et restent à la même place
Comme figés dans cette pâte
Qui les entoure les traverses
Les pénètre
Et monte vers les murs silencieux
Don les yeux de néon
Clignent disparaissent
Apparaissent à nouveau
Hâtés de s’éteindre
Pour ne pas être vus,
Des lumières jaunes rouge vert
A travers une brume
Insistante, tenace et blanche
De petites éclaircies
Découvrant des figures austères
Des visages riants
Des sourires effrayés
Des regards myopes
Et cette musique ouatée
Comme à travers un coton
Qui arrive par bribes
Eraillée et humide comme un sanglot
Et cet aveugle qui ne voit pas la brume
Mais qui la sent et tend la main
Vers ceux qui voient la brume
La main, l’aveugle
Mais qui sont trop aveugles pour les voir.
Brouillard opaque, qui mouille tout
Tout sauf mes yeux embués
De brume et de cafard.

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