Jean-Claude Boulos

La mer et la mort
23/7/58

Vieille dan sa pierraille, vieille dans son maintien
La maison sur la dune a pris le poids de l’âge
Et ses volets fermés comme deux yeux éteints
Gardent le sable chaud balayé de la plage.
Sur le toit fatigué de frimas et de vagues
Un tuyau noir de suie, tout rongé par la rouille
Crache son ventre plein d’étincelles brûlantes
Sur un ciel de nuage que les nuages souillent
Le vent a dévié sur son passage gris
La fumée salissante et gavée d’escarbilles
Et porteur d’un message affolé de mépris
Il a suivi sa route vers les dunes tranquilles.
La pierre du logis craquelée de vieillesse
A mis la mousse verte entre ses instertices
Tout comme les vieillards sentant la mort venir
Font pousser sur leur tête les cheveux blancs de l’âge
Les algues sont restées accrochées à la porte,
N’osant pas trop enter, n’osant pas trop partir,
Se couchant sur le seuil comme un peu pour mourir
Englouties par le sable et mangées par la plage.

Dans la maison un bruit haché, sec et pénible
Vient se mêler au rire du feu de bois qui grille.
Une femme étendue sur un grabat miteux
Crache péniblement ses poumons de malade
Secouée par la toux suffocante des vieux.
L’âge a marqué sa peau toute ratatinée
Courbé son maigre dos sous le poids des années
Et recouvrent sa tête de cheveux gris et blancs.
La mort s’est arrêtée devant sa bouche ouverte
N’osant pas trop entrer, n’osant pas trop partir,
Elle rôde dans le gîte à l’affût du moment
Où elle grignoterait les restes de sa vie
Puis sentant sur sa peau, passer l’ultime souffle
Elle a éteint ses yeux comme les volets fermés
Pour arrêter son cœur et absorber sa vie.

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