AMERTUMES (1990)

03.08.08

AMERTUMES (1990)

Permalien 14:40:09, Catégories: Bibliographie, Amertumes  

Adma

Les hommes t’avaient conçue
Pour le siècle futur
De nouveaux horizons
S’ouvraient sur tes rochers
Les architectes venus d’ailleurs
Chargés de rêves denses
Construisaient tes villas
Tournées vers l’an deux mille
Comme si soudain la ville
Ne palpitait que pour toi
N’avaient que pour toi
N’avaient d’yeux que par toi
Hardie tu te dressais
Pour souligner
Pour affirmer
Le génie de tous ceux
Qui à travers la pierre
Le béton
Les tuiles
Les jardins
Te tendaient en offrande
Vers leur de quiétude
« Entre le ciel et l’eau »
Oasis de fraîcheur
Sur les rochers des ans
Etait ce pour te punir
D’avoir été trop belle
Etait ce pour te flétrir d’avoir été si riche
Que des hommes venus d’ailleurs
Chargés de haine dense
Ont déversé sur toi
Une pluie de fer et de sang
Pour détruire
Pour brûler
Le génie de tous ceux
Qui à travers ta pierre
Ton béton
Tes tuiles
Tes jardins
T’avaient offerte au divin
Et leurs mains
T’ont sacrifié en holocauste infernal
Dans une sarabande d’obus
Ravageurs et rageurs
Arrosant tes jardins
Du sang des innocents
Coupant tes roses rouges
Par rafales de cinq cents
Cueillant tes plantes vertes
Ay rythme des canons
Longs sanglots de guitare
Accordés dans la nuit
Rivages lointains évanouis
Dans le noir des fumées
Eclats de rire noyés
Dans les éclats de verre
Toutes les touches sont noires
Sur le piano de Chopin
Nocturnes et tristesses
Préludes à la barbarie
Tu n’es qu’un trou béant
Sur la colline brûlée
Témoin désabusé du génie de détruire
Tes jardins suspendus
Ont suspendu leur vie

Les fantômes reviendront jouer
Là où tes enfants ont couru
Accrochées au flanc de la montagne
Tes maisons clairsemées
Comme des coquelicots
Dans une gerbe de gazon
Ressemblent à la détruits
Le vent venu du large
Souffle sur tes blessures
Rage au cœur, rage au poing
Larmes sur la paupière
Des yeux de l’indifférence
Une maison de plus
Une maison de moins
Qu’importe on a gagné
Le disque s’est arrêté
Sur le phono du mal
On n’entendra plus ton cœur
Battre au rythme des vagues
Tes yeux ne brilleront plus
Dans l’éclat de la mer

Les hommes t’avaient conçue
Pour le siècle futur
Mais le futur n’est plus
Entre tes quatre murs

J’ai regardé le ciel au-dessus de toi
Quelques nuages passent
Moutons dociles dans le grand pré du ciel
J’ai amassé quelques brindilles sèches
Et je les ai allumées
En guise de flamme
Au village inconnu

Aimes-tu l’odeur d’un feu de brindilles.

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Jean-Claude Boulos

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